Article publié le 22 novembre 2025
Chaque jour de la Semaine Européenne de réduction des Déchets, partez à la rencontre d’un artisan ou commerçant du Grand Ouest Toulousain qui agit pour réduire ses déchets. Aujourd'hui, rencontrez Nadine, couturière dans l'atelier "Reflets de soi" à Plaisance-du-Touch.
Bonjour Nadine. Depuis quand pratiquez-vous la retouche et la récupération de vêtements ?
Cela fait plus de vingt ans. J’ai commencé progressivement, d’abord pour moi, puis en animant des ateliers auprès de jeunes. L’idée était de leur montrer qu’on pouvait créer à partir de l’existant : un vieux jean, par exemple, peut devenir un sac, une banane ou une trousse si l’on sait comment le réparer.
Concrètement, comment cela se traduit-il dans votre activité de couturière ?
Dans mon atelier, tout part du principe de récupération. Quand je répare un jean déchiré, par exemple, j’utilise des renforts issus d’autres pantalons qu’on me donne. Ce sont des vêtements abîmés, mais je sais repérer les matières intéressantes : un denim sans élasticité est parfait pour une réparation solide par exemple.
Les gens du coin me connaissent bien et me déposent des vêtements dont ils n’ont plus l’usage. Je ne facture jamais les fournitures de récupération ; seuls le travail et la main-d’œuvre sont comptés. Des familles me confient les pulls du papi décédé… Je fabrique un plaid avec.
Cela concerne aussi les petits éléments, comme les boutons ou les fermetures ?
Tout à fait. On me donne beaucoup de boutons, que je trie et réutilise gratuitement pour mes clients. Je facture uniquement la main-d’œuvre.
Pour les fermetures à glissière, il est souvent inutile de tout changer. Souvent, seul le curseur est à remplacer. Je récupère des fermetures sur d’autres vêtements ; certaines poches, par exemple, n’ont jamais été utilisées et leurs curseurs sont comme neufs. Cela évite aux clients d’acheter du matériel neuf inutilement.
Vous semblez avoir développé une véritable philosophie autour de la récupération.
Oui, c’est devenu une démarche à part entière. Pendant longtemps, j’affichais même un panneau « Je récupère les vieux vêtements ». Aujourd’hui, les clients le savent naturellement. Depuis plus de 20 ans, j’anime aussi des ateliers avec les jeunes pour leur apprendre à rapiécer un vêtement. Je leur apprends aussi comment transformer un vieux jean en sac, une robe en trousse, un coussin en doudou... J’aime transmettre ma façon de faire.
Y-a-t-il un aspect esthétique dans la réparation ?
Absolument. Quand on restaure un gilet ancien, par exemple, il faut parfois utiliser du tissu d’occasion pour que la réparation reste harmonieuse. Un tissu neuf dénote trop. C’est une question de cohérence visuelle et de respect du vêtement d’origine.
Comment voyez-vous l’évolution de votre démarche depuis que vous avez commencé ?
Elle s’est développée naturellement, au fil des années. J’observe que les gens sont de plus en plus sensibles à la réparation, au réemploi. Et notamment les jeunes ! Je suis heureuse de pouvoir allier ma passion de la couture à une approche qui permet de réduire les déchets.
Entretien mené par Yoakim Sigaud le 7 octobre à Plaisance-du-Touch
